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Libération
Reportage

Le planning familial, terreur des mères . Avortements forcés, brimades et sélection des foetus en faveur des garçons sont monnaie courante.

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publié le 4 septembre 1995 à 8h38

Pékin,

de notre correspondante «Avoir un seul enfant, c'est merveilleux!» «La politique de l'enfant unique a libéré les femmes pour leur permettre de se lancer dans la production et les études.» Publié la semaine dernière pour coïncider avec l'ouverture de la Conférence internationale des femmes à Pékin, le petit «livre blanc» du planning familial présente un tableau idyllique du contrôle des naissances, imposé en Chine depuis 1973. Si l'on en croit ce précis de propagande, les «mentalités féodales» vantant «le mariage précoce», «le bonheur d'avoir beaucoup d'enfants» et «l'importance des garçons par rapport aux filles» ont été éradiquées auprès de la majorité des couples.

La réalité est bien différente. Certes, la population citadine et éduquée (20% des femmes environ) a adopté la contraception et admet la nécessité pour la Chine de contrôler son énorme population. La plupart des institutions internationales ont salué la politique «responsable» des autorités chinoises, qui doivent déjà nourrir plus d'un milliard deux cents millions de bouches. Mais, dans son application quotidienne, le contrôle des naissances donne lieu à des pratiques et des «dérapages» qui font frémir.

Originaire de la province pauvre de l'Anhui, Liu, une jeune femme de 28 ans, travaille dans la cuisine d'un petit hôtel de Pékin. Son mari est manoeuvre sur un chantier, ils ont un petit garcon de 3 ans. En 1994, ils sont rentrés dans leur village pour bâtir une maison. «En juin dernier, raconte-t-elle, alors