Grâce à Mary Ann Glendon, chef de la délégation du Saint-Siège à la
Conférence mondiale sur la femme qui se tient depuis lundi à Pékin, la position pontificale s'est, pourrait-on dire, «féminisée». Dans son discours d'ouverture, plutôt que de poser d'entrée de jeu que l'Eglise considère l'avortement comme un crime, ce professeur de droit à Harvard qui dirige une délégation majoritairement composée de femmes, a appelé les hommes à se mobiliser afin d'«offrir à la femme ou la jeune fille enceinte, seule et effrayée, une meilleure alternative que la destruction de son enfant avant même sa naissance».
Cette circonlocution augure bien des assauts diplomatiques dont l'avortement, et plus largement les droits sexuels de la femme, vont être l'objet à Pekin. Depuis lundi, la délégation du Vatican a entamé des discussions avec celles des pays dont elle se sent proche, pour appuyer sa croisade contre l'avortement et en faveur d'une conception traditionnelle de la famille. Ces questions, inclues dans le chapitre «Santé» du projet de document que doivent approuver plus de 180 pays d'ici le 15 septembre, sont en effet pour la plupart entre crochets, c'est-à-dire à négocier, malgré deux ans de travail de préparation.
Le porte-parole du Vatican, Joachim Navarro-Valls, a néanmoins tenu à préciser qu'il n'était pas question d'une Sainte-Alliance entre catholiques et musulmans: la similarité de vues entre les pays où ces deux religions sont dominantes n'est, selon lui, qu'une «coïncidence», la tr