Suleimaniyé (nord de l'Irak), envoyé spécial
Longtemps, il avait voulu croire qu'un véritable Etat naîtrait de l'entité kurde créée au nord de l'Irak sous protection des Nations unies après la guerre du Golfe. Militant de toujours de la cause kurde, ce professeur d'anglais de Suleimaniyé, deuxième ville du Kurdistan irakien, est désormais bien désabusé: «A la fin de l'Empire ottoman le peuple kurde a été écartelé entre quatre Etats, la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Désormais, le Kurdistan d'Irak est lui-même en train de se diviser en deux parties: le Barzaniland et le Talabaniland.»
Sur la route menant à la «capitale», Erbil, 1,2 million d'habitants, à peine 5 kilomètres après la ville de Selahaddin, se dresse une frontière avec des barricades des deux côtés. Au nord, jusqu'à la frontière turque, s'étend le règne de Massoud Barzani, le chef incontesté du Parti démocratique du Kurdistan d'Irak (PDK). Au sud, depuis Erbil jusqu'à la ligne de front où les peshmergas, les combattants kurdes, font face aux troupes de Saddam Hussein, le territoire est contrôlé par l'Union patriotique du Kurdistan-UPK de Jalal Talabani. Les relations entre les deux partis kurdes, malgré un accord signé le 11 août dernier à Drogheda, en Irlande, pour mettre fin à deux ans d'affrontements qui ont fait quelque 2.000 morts, restent pour le moins tendues. Une voiture piégée, bourrée de 15 kilos de TNT, explosait mercredi en plein centre d'Erbil, devant un des sièges de l'UPK faisant trois morts. L'