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Analyse

Réticences bosniaques pour la paix américaine. Les Musulmans vont à Genève peu enclins à faire des concessions.

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publié le 8 septembre 1995 à 8h29

Sarajevo, envoyé spécial

Le ministre bosniaque des Affaires étrangères, Muhammed Sacirbey, et celui des Relations avec l'ONU, Hasan Muratovic, se rendront ce vendredi à Genève pour ne pas contrarier les efforts américains. Il s'agit de «faire preuve de bonne volonté, une nouvelle fois, et si possible de préciser certains points de discussion», selon les termes de Kemal Muftic, premier conseiller du président Alija Izetbegovic. L'émissaire américain, Richard Holbrooke, n'ignorait pas les réticences des dirigeants bosniaques à négocier, au début de ce cycle de raids. Aussi a-t-il minutieusement préparé cette rencontre tripartite, à l'aide d'un document de travail qui n'a cessé de circuler entre Sarajevo, Belgrade et Zagreb, où il a été annoté par les chefs d'Etat des trois capitales.

L'annotation essentielle du président Izetbegovic concerne Gorazde. «En aucun cas, nous n'accepterons de discuter de la situation de cette enclave, ni même de l'évoquer», affirme Kemal Muftic. Dans le plan américain, il était prévu, grosso modo, d'échanger Gorazde, esseulée près de la Drina en territoire serbe, contre un désenclavement rapide de Sarajevo. Ce rejet inflexible bosniaque n'est pas une réponse au refus des militaires serbes de retirer leurs canons autour de Sarajevo, ni une façon de «monnayer» cette ville à un prix plus élevé. Alija Izetbegovic a dramatiquement besoin d'une victoire personnelle (le désenclavement de Sarajevo ne lui serait pas attribué), et il ordonnera une défense milit