Washington, de notre correspondant.
La décision surprise et unanime du «comité d'éthique» du Sénat américain, mercredi soir, de recommander l'expulsion du sénateur républicain de l'Oregon Bob Packwood, accusé de harcèlement sexuel, des rangs du Congrès, n'est pas seulement la marque (ou peut-être la conclusion) d'un scandale politique majeur: elle risque de compromettre dans l'immédiat la mise en oeuvre du programme de la majorité républicaine au Congrès, puisque l'intéressé était le puissant président de l'influente Commission des finances du Sénat, passage obligé de tous les textes de lois importants que les républicains envisagent de voter dans les mois à venir.
Packwood a cherché mercredi soir à prendre les devants en dénonçant la décision du comité d'éthique comme «totalement et absolument scandaleuse» en dénonçant l'«inquisition», dont il aurait été l'objet, et en affirmant qu'il se battrait jusqu'au bout. Ce refus de démissionner embarrasse les républicains, dans la mesure où il faudra désormais une décision du Sénat en séance pleinière, avec toute la publicité désagréable que cela suppose. Le Sénat doit se prononcer pour l'expulsion à une majorité des deux tiers. Il faut remonter à plus de cent ans, et à la guerre de Sécession, pour retrouver la trace d'une expulsion des rangs du Sénat: à l'époque, plusieurs sénateurs avaient été expulsés pour leur soutien à la Confédération sudiste.
La plupart des observateurs estimaient hier que l'expulsion de Packwood ne ferait pas