L'Australie a un passé nucléaire. En 1980, Yami Lester, directeur de
l'Institut du développement aborigène à Alice Springs, raconte une explosion à laquelle il a assisté: «J'ai levé la tête et j'ai vu cette fumée se déroulant à travers le bush, comme un nuage noir. Les vieux ont crié c'est un mamu, un démon. Un jour ou deux plus tard, tout le monde vomissait et avait la diarrhée. Le lendemain, les gens avaient les yeux très douloureux, rougis de larmes. Certains ont perdu la vue. Cinq jours après le nuage noir, les vieux ont commencé à mourir.» Yami Lester est aujourd'hui aveugle et accuse les retombées nucléaires de douze essais britanniques menés de 1952 à 1957 dans le plus grand secret.
Les douze bombes ont été testées à l'air libre, dans trois sites australiens, les îles Monte Bello, en Australie de l'Ouest, Emu et Maralinga, dans le désert de l'Australie du Sud. Cette campagne s'est poursuivie jusqu'en 1963 à Maralinga par plusieurs centaines d'«essais mineurs», selon la terminologie officielle (expérimentation de détonateurs nucléaires, de mélanges explosifs, mesures de radioactivité, etc.). Ces essais, négociés par Londres et Canberra au plus haut niveau, et sans consultation du Parlement australien, se sont déroulés à l'époque dans la plus parfaite indifférence de l'opinion publique, tenue dans un secret à peu près absolu.
Il faudra attendre la fin des années 70, et, paradoxalement, la mobilisation contre les essais français dans le Pacifique pour que l'Australie redéco