Rome,
de notre correspondant Peut-on parler de l'Italie comme d'une nation? Peut-on définir ainsi la République issue de la Résistance au fascisme, dont l'esprit a été pérennisé par la Constitution? L'actualité d'un pays toujours plus tourmenté sur son identité explique la polémique qui est en train de monter autour des travaux d'un historien prestigieux habitué à mettre les pieds dans le plat. Renzo de Felice, conservateur éclairé longtemps marginalisé par l'hégémonie de l'historiographie marxiste, a consacré les trente dernières années de sa vie à une biographie de Mussolini de plus de 15.000 pages. Le dernier tome, qui va paraître l'année prochaine, passe en revue la période la plus tragique et sombre de la récente histoire italienne: de la chute du Duce le 25 juillet 1943 à la proclamation de l'armistice du 8 septembre, de la fondation de la République de Salo, sinistre ersatz du régime fasciste, à la guerre civile et à la naissance de la démocratie. De Felice a anticipé certaines des ses conclusions dans Rosso e nero Rouge et noir un livre-interview écrit avec un journaliste de l'hebdomadaire Panorama, disponible dans les librairies depuis hier. Ce mince pamphlet a le mérite de confronter les Italiens à une vérité qu'ils ont préféré oublier.
Oui, la nation italienne a existé mais elle est morte précisément ce 8 septembre 1943, quand tout s'effondra d'un seul coup: le roi et sa clique en fuite à l'étranger, le régime et l'Etat en décomposition.L'Italie jusque-là alliée d