Auckland, envoyé spécial
En fait-il trop, ou pas assez? La tourmente soulevée à travers le Pacifique par la reprise des essais nucléaires français a particulièrement mis à l'épreuve le Premier ministre néo-zélandais, Jim Bolger, qui, depuis la victoire électorale du Parti national (conservateur) en 1990, avait réalisé un parcours presque sans fautes, favorisé par les remarquables résultats économiques de son pays. Aujourd'hui, ce quinquagénaire jovial est pris entre le feu des secteurs traditionnels, qui lui reprochent d'être allé trop loin dans ses critiques contre la France, et la mouvance écologiste, qui l'accuse de ne pas avoir eu «assez de tripes» pour reprendre les termes du porte-parole de Greenpeace-Nouvelle-Zélande, Michael Szabo face au brutal arraisonnement des bateaux antinucléaires au large de Mururoa.
Bien plus marquée par son passé anglo-saxon que la «multiculturelle» Australie, la Nouvelle-Zélande n'a cependant pas découvert la question nucléaire à partir de la décision annoncée par Jacques Chirac en juin. En 1986, elle n'a pas reculé devant une crise grave avec les Etats-Unis qui l'a conduite à quitter l'Anzus (Alliance militaire entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis). Terre d'élevage et d'agriculture c'est le premier pays développé à avoir décidé de ne plus subventionner ses fermiers afin de parvenir à des prix agricoles moins artificiels , elle est aussi une nation de marins résolument tournée vers le Pacifique, n'oubliant pas que