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Libération
Reportage

Chiang Maï, épicentre du sida en ThaïlandeTrès touchée par la prostitution, la ville accueille la 3e Conférence sur le sida en Asie.

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publié le 16 septembre 1995 à 7h50

Chiang Maï, envoyé spécial

Quatre heures. Les bonzes de la pagode Huaysai entonnent leur prière matinale. Derrière le temple, à l'ombre du Bouddha, une dizaine de malades du sida, hommes et femmes, prient pour leur prochaine réincarnation. Ceux qui sont en phase terminale prient dans leur lit, s'accrochant aux barreaux de fer. Les mieux portants s'agenouillent à même le parquet. Tous ont trouvé la tranquillité et la paix au centre d'accueil «les Amis de la vie», dirigé par Phongthep Dhammagaruko, un moine de 43 ans. Financé par une ONG australienne, ce centre comprend un petit bâtiment administratif et deux maisonnettes abritant une quinzaine de lits. Depuis son ouverture en février 1994, il a hébergé au total une centaine de personnes, toutes originaires de Chiang Maï, principale ville du nord de la Thaïlande. Toutes sont décédées depuis.

En fin de matinée, un pick-up klaxonne à l'entrée du centre et lâche une femme d'une quarantaine d'années, outrageusement maquillée, mais au physique affaibli. Le bonze Phongthep la soutient, et en quelques minutes, explique l'état de la nouvelle locataire: «Elle arrive des Etats-Unis. Son mari est américain. Elle est malade et souhaite être enterrée dans sa ville natale, à Chiang Maï.» La femme, elle, s'écroule, les larmes aux yeux. Chaque semaine, deux à trois nouveaux malades arrivent au centre.

Chiang Maï est le premier centre du sida en Thaïlande. Entre 5 et 10% de la population (1,5 million de personnes) seraient séropositifs. Les hôpit