Sydney, envoyé spécial
En accusant à la télévision française l'Australie de vouloir pousser la France hors du Pacifique à la faveur des protestations contre les essais nucléaires de Mururoa, et en suggérant que Paris pourrait en représailles se passer de l'uranium australien, Jacques Chirac a plongé les dirigeants de ce pays dans un embarras indigné. «C'est ridicule», a répliqué lundi le Premier ministre australien Paul Keating aux attaques contre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, en les mettant au compte de l'agacement de Paris devant l'ampleur des réactions internationales.
Il a affirmé que les ventes d'uranium à EDF, «pour un usage strictement civil», n'avaient rien à voir avec la question des essais militaires dans le Pacifique. A l'ERA (Energy Resources of Australia, compagnie exploitant la mine d'uranium de Ranger, au nord du continent autralien, et unique fournisseur australien de la France), on soulignait que le contrat conclu avec EDF en 1986 était «important» et qu'il était absurde de le mettre en relation avec les essais en Polynésie.
Resurgit ainsi un vieux contentieux, non seulement entre la France et l'Australie, mais aussi entre le gouvernement australien et les milieux écologistes. En juin 1983, quand le prédécesseur de Paul Keating, Bob Hawke (lui aussi travailliste), avait suspendu les livraisons d'uranium à la France pour protester contre la poursuite du programme militaire français à Mururoa, Régis Debray, alors conseiller diplomatique spécial du président