L'étau des présomptions se resserre autour du président colombien
Ernesto Samper, soupçonné d'avoir accepté des fonds du cartel de Cali pour financer son élection victorieuse d'août 1994. Le directeur d'un organisme d'Etat chargé de veiller au processus des privatisations bancaires, Juan Manuel Abella, 28 ans, a été arrêté jeudi à Bogota. Responsable administratif de la campagne électorale, il est accusé d'avoir pris personnellement livraison des narcodollars. C'est la troisième personnalité de l'entourage présidentiel mise sous les verrous depuis deux mois, après l'ancien trésorier de la campagne, Santiago Medina, interpellé en juillet, et le ministre de la Défense, Fernando Botero, qui en avait assuré la direction générale.
L'arrestation d'Abella fait suite à des révélations accablantes pour Samper, qui ont filtré dans la presse. Santiago Medina aurait notamment fourni aux enquêteurs des documents prouvant que le chef de l'Etat était «au courant» des origines troubles de ses dépenses électorales. Pour sa part, Avella a expliqué que son parti avait été confronté à un sévère déficit quand un deuxième tour s'est avéré nécessaire. De fortes contributions ont alors été secrètement recueillies, dont le trésorier n'a pas précisé pour l'instant l'origine. Selon le quotidien El Tiempo de Bogota, les enquêteurs n'ont pas retrouvé trace dans les registres de 300 millions de pesos (environ 1,75 million de francs) fournis par des entreprises privées.
Le procureur général de la nation, Al