Mirante do Paranapane-ma, envoyé spécial
Coiffé d'une rutilante casquette jaune citron, José Rainha déboule sur une vieille moto pendant que des groupes dépenaillés s'affairent à démonter les dernières baraques. Après avoir signé l'acte de «réintégration de propriété» qu'un officier de justice vient de lui présenter, le leader du Mouvement des sans-terre (MST) demande à un homme à la dégaine de cow-boy tropical d'amener le drapeau rouge frappé de l'effigie d'un couple de paysans brandissant une machette, qui flotte au bout d'un mât.
Décor de pâturages brûlés et de clôtures arrachées. «Nous partons d'ici parce que nous ne voulons pas que la situation dégénère comme à Corumbiara», lâche José Rainha à l'adresse du modeste détachement policier envoyé sur les lieux en éclaireur. Le 9 août, dans la localité amazonienne qu'il évoque, un sanglant affrontement avait opposé des posseiros (squatteurs de terres) qui agissaient sans l'aval du MST aux forces de l'ordre chargées d'exécuter un arrêté d'expulsion. Bilan: douze morts (dont deux policiers) et neuf «disparus».
Vendredi matin, fidèle à l'activisme pacifique pour l'heure prôné par son organisation, José Rainha, l'«agitateur professionnel» maudit par tous les grands propriétaires du Brésil, a donc sonné le repli stratégique de la dernière des trois fazendas occupées durant le week-end précédent par quelque 3.000 militants du MST dans les environs de Mirante do Paranapanema, à 700 km à l'ouest de São Paulo. Bien que judiciairement ren