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Libération

Le gouvernement espagnol victime d'un chantage à la sécurité

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publié le 20 septembre 1995 à 8h10

Mario Conde, star déchue de la finance espagnole, ancien président

de la banque Banesto, fait chanter le gouvernement de Felipe Gonzalez, pour tenter d'échapper à la justice, révélait hier le quotidien El Pais. Evincé en décembre 1993 de la présidence de Banesto, mise sous tutelle par la Banque d'Espagne après la découverte d'un trou de 25 milliards de francs, Conde a fait plus d'un mois de détention préventive avant d'être libéré sous caution, et aura droit à un procès pour escroquerie. Il a toujours affirmé être la victime d'une machination de la part du gouvernement. L'ancien banquier s'est allié au colonel Juan Alberto Perote, un ancien haut responsable du Cesid (Centre supérieur d'information de la défense), le contre-espionnage espagnol, lui-même accusé de vol de documents secrets. Les deux hommes, selon El Pais, seraient en possession de 1200 microfilms contenant plus de 3000 documents, dont certains «très sensibles, de caractère militaire, dont la diffusion supposerait un coût irréparable à la sécurité de l'Etat».

Depuis mars, ils seraient entrés en contact à plusieurs reprises avec le gouvernement, pour tenter de négocier une certaine «clémence» judiciaire. Leur avocat commun a même rencontré une fois Felipe Gonzalez en personne, faisait savoir hier l'ancien Premier ministre Adolfo Suarez, organisateur de cette rencontre. Devant les réticences du gouvernement, Mario Conde et Juan Alberto Perote auraient, en guise d'avertissement, fait parvenir à la presse, en juin,