D'abord ébranlé par l'enquête sur ses liens avec la Mafia et lâché par ses pairs, l'ex-président du Conseil s'est repris pour bâtir une solide défense.
Rome, de notre correspondant Pour quelqu'un qui est tombé de très haut, Giulio Andreotti a gardé un aplomb extraordinaire. Le visage rasé de frais, le même regard insondable qui intrigue, la voix un peu nasale et le débit lent, l'ironie qui tranche. L'adversité lui a juste creusé quelques rides autour des yeux, mais, à 76 ans, il peut ne pas se plaindre. Seule licence ou coquetterie par rapport au passé, il lui arrive parfois d'oublier le trois-pièces et de se présenter devant la caméra en cardigan bleu et cravate.
Pourtant, l'aplomb n'est qu'apparence. L'«affaire» l'a profondément blessé. Depuis ce 2 mars où le juge des enquêtes préliminaires de Palerme a décidé que le procès aurait lieu, il dort peu ou pas. Sa femme est tombée malade, une dépression dont elle commence seulement à se remettre, a-t-il confié à l'hebdomadaire Panorama.
Certes, Andreotti a le goût du combat: on n'a pas été pour rien député pendant onze législatures, cinq fois sous-secrétaire d'Etat, vingt-deux fois ministre et sept fois chef du gouvernement. Certes, il possède aussi la vertu de l'endurance: sans quoi, il n'aurait pas résisté pendant près d'un demi-siècle aux insinuations, aux attaques ouvertes, aux coups bas, ni échappé vingt-sept fois aux griffes de la commission parlementaire d'enquête. Mais la perspective d'avoir à se défendre de l'accusation d