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Libération
Reportage

Sinistrée par le chômage, Setubal déchanteLa cité portugaise va sanctionner les dix ans de politique du PSD aux législatives de dimanche.

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publié le 29 septembre 1995 à 7h54

Setubal, envoyée spéciale

A Setubal, il y a des bars à chaque coin de rue et on vous y sert la sardine légèrement trop salée, comme par nostalgie. Le sel de la péninsule, fameux dans toute l'Europe, était la fierté de cette ville étalée autour de l'estuaire du Sado. Aujourd'hui, le sel, c'est fini, comme d'ailleurs les conserveries de poisson. La pêche n'est plus qu'artisanale, et dans les cités qui ont poussé autour du centre historique, des pêcheurs se sont reconvertis dans des activités moins licites. De toute façon, l'estuaire est pollué de cheminées et de bâtiments industriels, témoins obsolètes d'une industrie en crise. Dans les années 80, la ville, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Lisbonne, a cru que le salut viendrait de l'étranger. Aujourd'hui, Setubal déchante. Au bout d'une route qui sent encore la campagne, un amoncellement noir et luisant entouré de grillage: 30.000 tonnes de déchets toxiques venus de Suisse. Un peu plus loin, les parcs à voitures de l'usine Renault sont presque vides. «Nous sommes devenus le tiers monde de l'Europe», commente amèrement Franklin, de la Commission des chômeurs de Setubal.

Setubal ou la région de tous les mirages économiques de ces dernières années. Comme le Sado, le seul fleuve du Portugal à couler vers le Nord, les Alentejos ont quitté leur campagne du Sud pour venir s'y échouer. En dix ans, la population a considérablement augmenté, et, avec quelque 650.000 électeurs, constitue un enjeu majeur pour les principaux