D'obscurs comploteurs ont-ils l'intention d'attenter à la vie du
président démocrate-chrétien Eduardo Frei? Saugrenue il y a encore quelques mois, l'hypothèse est prise au sérieux depuis le 18 septembre: ce jour-là, à l'occasion des cérémonies marquant la fête nationale du Chili, les services policiers ont entouré le chef de l'Etat de mesures de sécurité inhabituelles. A en croire plusieurs quotidiens, la police aurait été mise sur le pied de guerre par des informations en provenance des services secrets espagnols, qui collaborent étroitement avec leurs homologues chiliens depuis le rétablissement de la démocratie en 1990. Selon ces mêmes versions, des membres du groupe armé d'extrême gauche Front patriotique Manuel Rodriguez, réfugiés à l'étranger après le démantèlement de leur organisation, seraient retournés clandestinement au pays andin pour en découdre avec le pouvoir.
Or, de source fiable, Libération a su qu'une première tentative d'homicide a sans doute été déjouée avant le 18 septembre. Lors d'une révision routinière de l'hélicoptère présidentiel, des techniciens du corps des carabiniers ont détecté une anomalie dans le rotor de l'appareil, qu'ils ont attribuée à un sabotage. Une enquête administrative a été discrètement ouverte; la responsabilité de la guérilla gauchiste semble cette fois incertaine...
Il est vrai qu'Eduardo Frei s'est fait des ennemis, à gauche comme à droite, en proposant, il y a deux mois, un plan de démocratisation des institutions et de règlement