Moroni, envoyé spécial
«Vous voyez, ce Président n'a même pas été capable de prendre soin du mobilier. Regardez ces chaises, elles tombent en ruine.» Dans le grand salon du palais présidentiel de Moroni, la capitale des Comores, le capitaine Combo Ayouba, commandant du Comité militaire de transition, fait le tour du propriétaire. Sur la table sont entassées de vieilles chaises trouées, symboles aux yeux du commandant putschiste du régime «pourri et corrompu» du président Saïd Mohamed Djohar, renversé dans la nuit de mercredi à jeudi. Flanqué de son adjoint, le lieutenant Saïd Mohamed Lava, le capitaine Combo connaît depuis son heure de gloire. Lui qui tenta, le 25 septembre 1992, de renverser une première fois le président Djohar, tient cette fois sa revanche. Moroni est calme en ce dimanche, les militaires, une partie en tout cas, sont rentrés dans leur caserne de Kandani, «avenue François-Mitterrand». Si ce n'est quelques véhicules militaires, rien ne montre que cet archipel d'un peu plus d'un demi-million d'habitants a changé de régime en une nuit. Tout juste si La Grillade, un café fréquenté par les caciques de l'ex-Président, est inhabituellement désert.
Les mercenaires étrangers qui ont mis en place le Comité militaire? Il se font discrets. Bien sûr, les Comoriens ont reconnu aux côtés de Bob Denard des soldats de fortune qui ont séjourné sur l'île au sein de la garde présidentielle (GP), de 1978 à 1989: le commandant Marques, «Jean-Pierre», «Daniel», «Hofmann». «Mais ce