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Libération
Analyse

Le pari des socialistes portugais.

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Antonio Guterres veut changer de politique sans menacer la stabilité.
publié le 3 octobre 1995 à 10h37

L'homme qui s'adresse à la presse dimanche peu avant minuit est serein. L'ingénieur Antonio Guterres sait que le Parti socialiste vient de rater d'un point la majorité absolue aux élections législatives. Mais lui a gagné son pari: l'heureuse surprise, celle d'une victoire socialiste plus large que prévu, est aussi une victoire personnelle. Entré en politique au lendemain de la révolution de 1974, ce catholique pratiquant a gravi, avec patience et parfois dans la douleur, tous les échelons qui le mènent aujourd'hui, à 46 ans, au Palais de Sao Bento. On le prenait pour un homme d'appareil, on (ses camarades) lui reprochait un déficit d'image: il a su convaincre plus de deux millions et demi de Portugais qu'il saurait changer de politique sans menacer la stabilité du pays.

A l'extérieur de l'hôtel Altis de Lisbonne, où se tenait cette nuit-là la soirée électorale du PS, une foule de jeunes fêtent bruyamment ce que Guterres vient de qualifier de moment «historique». Avec près de 44% des suffrages, le Portugal n'a jamais donné un mandat aussi clair aux socialistes, y compris en 1975 (37,8%). Le PS devrait même obtenir un nombre de députés suffisant pour ne pas être l'otage à l'Assemblée nationale du vote communiste. Mais cette nuit est historique à un autre titre. Le Portugal n'a pas seulement voté à gauche après dix ans de pouvoir d'une droite libérale, il vient de mettre fin à un cycle politique où la majorité était de règle, où les leaders charismatiques, de Mario Soares à, da