Los Angeles, envoyé spécial
Au coin des avenues Florence et Normandie, coeur du quartier noir de South Central et épicentre des grandes émeutes du printemps 1992, le propriétaire du magasin de vins et alcools ne tient pas à voir les journalistes camper devant son magasin: «Après on a un attroupement, les gens s'énervent et c'est comme ça que ça commence», dit-il en s'en prenant vivement à son «garde de sécurité» privé, en uniforme et armé, qui a bien voulu donner ses sentiments sur l'acquittement d'O.J. Simpson. Six heures après l'annonce du verdict, mardi, l'inquiétude n'était pas encore retombée sur les éventuelles suites émeutières de l'affaire.
Mais le déploiement de voitures de police dans les quartiers de la ville jugés les plus «chauds» n'a finalement servi à rien. Il n'est pas dit d'ailleurs qu'une condamnation aurait provoqué les mêmes émeutes que l'acquittement, par un jury blanc, de quatre policiers tabasseurs d'un automobiliste noir il y a trois ans. Le verdict non coupable que douze hommes et femmes ont accordé à O.J. Simpson a consterné la majorité des Américains et calmé cette partie de la communauté noire qui, sans attendre même le début du procès et le déferlement des indices, a toujours vu dans le procès fait à «O.J.» un signe supplémentaire du «racisme» des institutions blanches. «Je le savais depuis le début», dit Jimmy, surnommé «Jumbo», employé dans un magasin de fournitures automobiles de Florence Avenue. «Il a été piégé par la police.» Mais la décision