Moroni,
envoyé spécial Dans le petit bureau maintenant silencieux du camp militaire de Kangani, occupé depuis une semaine par Bob Denard, on n'entend que le tic-tac d'une horloge murale qui indique 15h30 alors que les militaires français du 1er RPIMa (Régiment parachutiste d'infanterie de marine) sont encore occupés à fouiller les mercenaires et les soldats comoriens en train de se rendre devant la grille du camp. Trois cartes des îles Comores au mur, des drapeaux, un talkie-walkie débranché et deux cartouches de pistolet. Dans une cantine, au fond de la pièce, un livre de Kipling, l'Homme qui voulait être roi, des SAS, des jeux de cartes et de Scrabble, de quoi faire passer les quarante-trois jours vécus en mer dans cette dernière aventure comorienne à laquelle a mis fin mercredi l'armée française. Sur une chaise, un pistolet-mitrailleur et des chargeurs ont été oubliés et une parka militaire soigneusement posée sur le dossier. Sur la table de bureau, Bob Denard a laissé ses derniers ordres à ses soldats, griffonnés d'une écriture dure et nerveuse. Ce sont les phases de sa reddition, celle des 23 mercenaires embarqués dans l'opération et des 300 soldats comoriens, les «rebelles» qui l'ont rejoint et qui constituent, de fait, l'ensemble de l'armée comorienne. Posé là, sur le bord de la table, un grand volume de cuir brun fermé. C'est le Livre des forces comoriennes. A la dernière page, sans date, quelqu'un a griffonné une signature illisible sous une phrase qui s'étale en tr