Menu
Libération
TRIBUNE

Cette Palestine qui naît

Article réservé aux abonnés
publié le 6 octobre 1995 à 9h32

«Nous tentons de défaire l'omelette qui a cuit au feu de la terre d'Israël et de séparer les deux oeufs qui se sont déchirés en son sein»: c'est en ces termes que s'est exprimé le ministre des Affaires étrangères d'Israël, Shimon Pérès, sur le ton las de la plaisanterie, aux petites heures d'une de ces nombreuses et interminables nuits au cours desquelles se sont épuisées les délégations israélienne et palestinienne dans l'élaboration complexe et épuisante de l'accord intérimaire désormais appelé «accord d'Oslo B», bien qu'il eût été parachevé dans un hôtel de Taba sur la mer Rouge.

Ainsi, afin de séparer les composants à l'origine de cette étrange omelette, devait-on au préalable non seulement la réchauffer au feu du désert mais encore fallait-il ces milliers d'heures de pourparlers intenses, qui, au cours des deux dernières semaines précédant la signature, ont transformé les nuits en jours. «Pourquoi donc cette hâte? Quelle valeur peuvent bien avoir ce genre de réunions à cinq heures du matin?», s'est emporté le président de l'Etat d'Israël, Ezer Weizman (1). Celui-ci oubliait sa participation au marathon (treize jours de négociations en 1978), dans le huis clos de Camp David, où Israël renonça à tout le Sinaï et qui conduisit à l'évacuation de toutes ses implantations pour prix de la paix avec l'Egypte. Néanmoins, à mes yeux, il y a quelque chose de purificateur et de profond dans ces longues discussions nocturnes entre Palestiniens et Israéliens, car il n'est pas de meill