La quasi-totalité de l'opposition a quitté, hier, la Chambre des
députés espagnole au moment où montait à la tribune Juan Alberto Belloch, le ministre de la Justice et de l'Intérieur. L'opposition de droite comme de gauche réclamait, en effet, la présence de Felipe Gonzalez en personne pour s'expliquer sur les «contacts» maintenus par le gouvernement avec le financier déchu Mario Conde, qui serait en possession de nombreux documents du Cesid (services secrets) et aurait tenté de «négocier», en échange de ces documents, la clémence de la justice. Juan Alberto Belloch et même Felipe Gonzalez ont reconnu avoir reçu la visite de l'avocat de Mario Conde, accusé d'escroquerie pour 300 millions de francs, alors qu'il présidait la banque Banesto. L'opposition accuse Felipe Gonzalez d'avoir cédé au chantage de l'ex-banquier. «Ces rencontres, s'est défendu hier le ministre, avaient pour seul objectif de tenter de récupérer les documents disparus.» Objectif «qui n'a pas été atteint». Le Parti populaire, principale force d'opposition de droite, a dénoncé «le mépris [du gouvernement] pour les représentants de la volonté populaire» et réclamé à nouveau la présence de Felipe Gonzalez, sans grande chance de succès. «On croirait une AG d'étudiants de fac», a ironisé le chef du gouvernement pour qualifier le boycott des députés. Les deux camps sont tombés d'accord pour s'accuser mutuellement de «porter atteinte au crédit» du Parlement. Tandis que des documents secrets militaires sont toujours