Et voici l'ozone, son trou et ses problèmes de couche, qui fait son
entrée par la grande porte du Nobel de chimie, décerné hier par l'Académie royale des sciences de Suède. Trois d'un coup à être récompensés, le Néerlandais Paul Crutzen, 61 ans, et les deux Américains Mario Molina, 52 ans, et Frank Sherwood Rowland, 68 ans, qui ont mené des travaux approfondis sur «la formation et la désintégration de l'ozone», cet élément chimique protecteur (il absorbe les ultraviolets du soleil). Le comité Nobel s'est, semble-t-il, laissé séduire par le fait que les trois lauréats ont «montré combien la couche d'ozone est sensible aux émissions de certains polluants issus de l'activité humaine» et va jusqu'à leur tresser des lauriers pour avoir «contribué à nous éviter un problème écologique global qui aurait pu prendre une ampleur prodigieuse». Pas étonnant que Greenpeace se soit réjoui.
Avec la physique, moins de surprise. Encore un Nobel pour la découverte de ces invisibles particules qui font notre monde. Mais tout de même deux des «plus étranges» (le neutrino et le tau), souligne l'Académie de Suède. Deux particules, donc, et deux lauréats (chacun la sienne) américains, Frederick Reines et Martin Perl. Le premier fait partie de cette caste de physiciens dont tout le monde pensait qu'il avait déjà le Nobel! Car ce monsieur, 77 ans, de l'université de Californie à Irvine, est déjà entré dans les livres d'histoire des sciences. C'est en 1953 que son expérience (menée auprès d'un réacteur