Madrid,
de notre correspondant Pour certains, c'est la plus grave tragédie depuis la guerre civile. Des milliers de personnes empoisonnées par une huile de colza frelatée, commercialisée par des trafiquants véreux. C'était en 1981, et près de quinze ans après les victimes n'ont toujours pas été indemnisées. Le procès, qui s'est ouvert cette semaine à Madrid, pourrait leur permettre enfin d'obtenir des réparations financières. Elles réclament 600 milliards de pesetas (25 milliards de francs), soit près d'un quart du déficit de l'État, presque le coût de la future ligne de TGV Madrid-Barcelone.
Résumé en chiffres de la tragédie de l'huile frelatée: 1.200 morts, 4.000 invalides et 20.000 personnes affectées, beaucoup de manière irréversible. Chiffres donnés par les associations des victimes l'État n'a comptabilisé que 438 décès. «Il y a tant de douleur accumulée, tant de morts, tant de larmes, tant d'impuissance devant les promesses politiques non tenues, de rage face aux tromperies de l'administration, que c'est impossible d'oublier», explique Arcadio Fernandez, président d'une des associations de victimes, dont la femme et la fille sont invalides. Les responsables directs de l'empoisonnement ont déjà été condamnés, mais ne sont pas solvables. La ténacité des avocats de l'accusation a permis d'ouvrir ce deuxième procès, celui de fonctionnaires au gouvernement de l'époque, dont les négligences présumées ont permis la mise en vente de l'huile frelatée. Si un seul des sept accusé