Cinquante ans après la création de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 800 millions de personnes souffrent encore de malnutrition dans un monde qui regorge de nourriture. Une situation que Jacques Diouf, directeur général de l'organisation onusienne (qui fête aujourd'hui son anniversaire parallèlement à la Journée mondiale de l'alimentation) a qualifiée d'«inacceptable». Car on dispose des moyens techniques pour prévenir les famines, explique Sylvie Brunel, responsable scientifique à l'AICF (Action internationale contre la faim) et auteur de livres sur ce sujet (1).
Pourquoi y a-t-il encore des famines?
Jusqu'au milieu des années 80, ce qui était au départ une pénurie alimentaire ne devenait famine que parce que les secours n'arrivaient pas. Ils n'arrivaient pas non parce que la communauté internationale ne se mobilisait pas mais parce que les secours étaient bloqués. Ces dernières années, on évite plus facilement une famine parce que l'alerte est donnée à temps et les secours acheminés aux victimes. Quand la famine se produit quand même, c'est que les organisations humanitaires, les agences d'aide internationale comme le PAM (Programme alimentaire mondial) ou la FAO se voient dans l'impossibilité d'atteindre la bouche, pour ainsi dire, de la victime. Les entrepôts peuvent être pleins à craquer et les gens mourir de faim à côté parce qu'ils avaient le tort de ne pas appartenir au bon clan, comme on l'a vu en Somalie. En fait, une famine aujourd'hui ne devrait «techniquement» plus se produir