New-York, de notre correspondant
Andrew Hacker, professeur de science politique au Queens College et à Cornell University à New York, est l'auteur de Two Nations: Black and White, Separate, Hostile, Unequal, un livre à succès consacré à la division raciale aux Etats-Unis.
Quelle est la signification de la marche d'hier?
L'époque est aux images et aux symboles. Et beaucoup la comparent donc à celle de 1963 pour les droits civiques. La comparaison est, en réalité, délicate. Si la marche menée par Martin Luther King a eu des effets considérables, c'est, en effet, non seulement parce qu'elle a rassemblé un demi-million de personnes, mais aussi en raison de son rôle décisif dans le mouvement d'intégration qui a suivi entre Noirs et Blancs après le discours de Martin Luther King: les inscriptions en masse sur les listes électorales, les inscriptions d'enfants noirs dans les écoles blanches et, enfin, l'effet mobilisateur d'un mouvement dans lequel de nombreux Blancs se sont engagés aux côtés des Noirs. Aujourd'hui, la situation est plus problématique. Le discours de Farrakhan n'est pas un discours d'intégration mais un discours «séparatiste». Ses conséquences sont donc plus difficiles à appréhender. Beaucoup de ceux qui participeront à la marche en reviendront renforcés et c'est bien. Mais, dans ce pays, un mouvement minoritaire peut difficilement prospérer s'il n'a rien à vendre susceptible d'être accepté par la majorité.
Ce qui, s'agissant de Farrakhan, a peu de chances d'être le ca