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Libération
Enquête

Une middle class qui cherche ses repères. Economiquement intégrée, la majorité des Noirs souffre de la discrimination.

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publié le 17 octobre 1995 à 9h13

Washington,de notre correspondant

Le long de la seizième rue, un axe qui traverse Washington du nord au sud et longe le plus grand espace vert de la ville, Rock Creek Park, les maisons bourgeoises coquettes déroulent leurs jardins à belles pelouses, les portes de garage entrebâillées font parfois deviner deux ou trois voitures.

On jogge ici comme ailleurs, les enfants jouent dans les arrière-cours, et l'ensemble respire le calme opulent et silencieux de tous les quartiers résidentiels de la capitale. Rien ne distingue ce voisinage à tout autre pareil que la couleur de la peau de ses habitants, puisqu'on est ici au coeur du quartier de la «middle class» noire. Dentistes et avocats, lobbyistes ou médecins, professeurs, fonctionnaires, banquiers ou collaborateurs d'élus du Congrès: c'est un des quartiers où se concentre cette classe moyenne noire dont la réussite sociale et financière, au cours des trente dernières années, constitue une des grandes success story américaine, qui fournit le pendant, version édifiante, de la longue saga du ghetto, du crack et du crime, mieux connue du reste du monde.

Ils vont dîner à Georgia Browns, le restaurant soul food branché du moment, sortent le soir à la Takoma Park Station, boîte de jazz suffisamment excentrée pour que le Blanc hésite à s'y aventurer, bondée tous les soirs de jeunes couples yuppies. Ils ont parfois, mais pas toujours, profité des occasions ouvertes par les programmes d'«affirmative action» ­ ces politiques visant à compenser