Sous forte escorte militaire, le général Manuel Contreras a quitté,
vendredi soir, l'hôpital naval où il s'était réfugié il y a cinq mois, pour se rendre à la prison spéciale de Punta Peuco, près de la capitale. Un établissement pénitentiaire en l'occurrence fort confortable, dont les seuls «pensionnaires» sont les deux responsables de l'ex-Dina (les services secrets de la dictature), Contreras et le brigadier Pedro Espinoza, condamnés respectivement à sept et six ans de prison pour avoir ordonné l'assassinat du dirigeant socialiste Orlando Letelier en 1976.
Le gouvernement respire. Trop longtemps bafouée par Manuel Contreras, ancien homme fort du régime militaire, son autorité a finalement été rétablie. L'affaire avait commencé le 30 mai dernier, lorsque la Cour suprême avait confirmé la sentence prononcée en première instance contre les deux officiers. Quelques jours plus tard, au terme d'une opération des commandos de l'armée de terre, le général se retranche dans l'hôpital de la marine à Talcahuano, dans le sud du pays. Il souffre d'affections multiples, diagnostiquent les médecins militaires, tandis que ses avocats épuisent leur stock de recours dilatoires.
Dans le même temps, les relations entre l'armée et la coalition gouvernementale de centre-gauche tournent au vinaigre. «Ne nous poussez pas à bout, sinon nous serions obligés de refaire un coup d'Etat!» lance un jour le général Pinochet au ministre de la Défense. Et la guerre psychologique va bon train, de bluffs en dé