Graskop, envoyé spécial
Quand Kemy Mashego se rappelle la cérémonie du Harbour Day, qui se tient tous les mois de septembre en Afrique du Sud, les larmes lui montent aux yeux. A cette occasion, tous les conseils municipaux du pays se réunissent sur la grand-place des villages. Les députés, chacun à leur tour, plantent un arbre sous les applaudissements de leurs concitoyens. A Graskop, petite ville du Transvaal-Est aujourd'hui baptisée Mpumalango, pour la première fois de son histoire, figurait un Noir parmi les dix conseillers municipaux blancs, pour le Harbour Day. Kemy Mashego a été intégré sur pression de Pretoria au conseil municipal de transition en janvier, une conséquence de l'élection de Nelson Mandela à la présidence, qui veut que l'accès aux institutions soient offertes aux Noirs. «Lorsque je me suis rendu à la fête, mon coeur battait de joie, raconte Kemy. Tous ces conseillers blancs ont reçu un arbre. Mais pas moi. On m'a délibérément ignoré. J'ai dû applaudir mes soi-disant collègues. J'aurais tant voulu avoir mon arbre, le premier planté par un Noir à Graskop. J'en aurais pleuré.»
«Graskop, fenêtre sur le Transvaal», est-il inscrit sur le grand panneau de bienvenue à l'entrée de la bourgade. En fait, c'est plutôt de lucarne qu'il faudrait parler, tant Graskop, situé au coeur du pays afrikaner, est restée conservatrice. Ici, dix-huit mois après l'élection du premier président noir à la tête de l'Afrique du Sud, rien n'a changé. Au sommet de la colline, trône la