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Libération

L'ONU hésite à imposer un test de séropositivité aux «soldats de la paix»

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publié le 1er novembre 1995 à 10h18

Genève,

de notre correspondant Les Casques bleus doivent-ils subir un test obligatoire de séropositivité avant d'être envoyés en mission? Le programme ONU-sida et le Département des opérations de maintien de la paix en discutent. Mais les avis sont partagés devant une question politiquement explosive, qui pose des problèmes de droits de l'homme et de discrimination.

C'est le Mozambique puis, plus récemment, l'ex-Yougoslavie qui ont relancé le débat en demandant à ne pas recevoir de Casques bleus infectés par le virus du sida. Au Mozambique, entre avril et juillet 1993, tous les hommes du contingent du Botswana (800 soldats au total) hospitalisés pour des raisons diverses ont été testés. Résultat: tous ­ les 21 soldats ­ se sont avérés séropositifs.

«A quoi sert d'envoyer des Casques bleus si le processus de paix est mis en péril par la propagation de l'épidémie», persiflent certaines voix qui accusent l'ONU «d'avoir escamoté le problème sous prétexte de manquer désespérément de Casques bleus». Un haut fonctionnaire avoue: «C'était politiquement impossible de refuser des contingents de pays où le taux de prévalence des séropositifs est de 30 ou 35% au moment où le secrétaire général de l'ONU parcourait la planète en tout sens pour trouver des soldats de la paix.»

La politique de test volontaire que les Nations unies ont encouragée depuis fin 1993 a montré ses limites. «Certains pays du tiers monde n'ont ni l'argent ni les moyens techniques de tester leurs soldats», constate-t-on