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Analyse

Aux Etats-Unis, le crime baisse et la peur croîtSi la criminalité est en nette diminution, la dangerosité demeure et a tendance à s'aggraver.

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publié le 2 novembre 1995 à 10h41

Washington,

de notre correspondant La criminalité baisse en général aux Etats-Unis et le nombre de meurtres est depuis plusieurs années en diminution constante. Mais les Américains ont pourtant toutes les raisons de mettre le «crime» en tête de leurs préoccupations principales, comme ils le font avec régularité depuis trois ans. Car le paradoxe apparent ­ crime en baisse, inquiétude en hausse ­ ne relève pas seulement d'analyses savantes sur les craintes infondées ou les paranoïas sécuritaires collectives.

Les plus récentes statistiques disponibles le montrent: si le nombre de meurtres continue en effet sa baisse régulière depuis plusieurs années, la nature même de la criminalité violente aux Etats-Unis est en train de changer d'une manière qui pourrait faire regretter les «bons vieux temps». Le meurtre est de plus en plus jeune, de plus en plus hasardeux, de plus en plus provoqué par les pathologies sociales urbaines (jeunesse désoeuvrée ou abandonnée, drogue). L'opinion n'a pas le temps de s'arrêter donc aux statistiques «encourageantes» qui assurent que le nombre de meurtres a diminué sensiblement l'an dernier aux Etats-Unis ­ 23.730 en 1994, contre 25.470 l'année précédente. La réalité de l'évolution criminogène est que, au-delà des chiffres, la dangerosité demeure et aurait plutôt tendance à s'aggraver.

Fini le crime de papa, dans tous les sens du terme: il y a trente ans, un tiers des meurtres aux Etats-Unis étaient le fait de membres de la famille ­ le mari jaloux, le pè