Moscou, de notre correspondant
Une tignasse blanche, l'allure bonhomme, son regard souvent triste, parfois perdu, ne doivent pas faire illusion. S'il peut parfois donner l'image d'un président en sursis d'une Géorgie en proie au chaos, ne devant de garder son poste qu'à la bonne volonté du grand protecteur russe, Edouard Chevardnadze, qui brigue dimanche un second mandat, ne saurait se satisfaire d'un rôle de marionnette. Moins encore de marionnette du Kremlin. Sous ses dehors débonnaires, le chef de l'Etat géorgien cache l'étoffe d'un redoutable politicien, rompu à toutes les ficelles de la survie. On se souvient de lui pour avoir représenté la perestroïka de par le monde lorsqu'il dirigeait la diplomatie de l'URSS du temps de Mikhaïl Gorbatchev. On se rappelle de sa mise en garde prémonitoire, à la veille du putsch d'août 1991, quand il démissionna pour ne pas avoir à cautionner l'emprise retrouvée des conservateurs sur le secrétaire général réformateur. On oublie plus souvent que c'est à la tête du KGB, dans sa région d'origine, que sa carrière a débuté.
Aujourd'hui, alors qu'il brigue sans grand risque d'échec un second mandat, certains de ses plus farouches opposants regrettent de n'avoir pas retenu la leçon. Ayant tout juste réchappé à un attentat à la voiture piégée, le 29 août dernier, c'est un Edouard Chevardnadze au visage maculé d'éclats de verre qui annonçait sa décision que les élections générales se tiendraient bien ce week-end afin de «contrer les tentatives de