C'est un rapport accablant qui sera soumis à débat la semaine
prochaine au conseil d'administration du Bureau international du travail (BIT) à Genève: six ans après l'adoption de la Convention internationale de protection des enfants, des millions d'entre eux sont réduits en esclavage, exploités économiquement et sexuellement, et le phénomène ne se limite pas qu'aux pays les plus pauvres.
D'après cette enquête réalisée dans 124 pays par des experts du BIT, un minimum de 80 millions d'enfants de 5 à 14 ans exercent une activité économique faisant obstacle à leur éducation et portant atteinte à leur sécurité et leur santé. Coût pour les enfants mais aussi pour la société: «En acceptant que les choses continuent ainsi, la société gaspille aujourd'hui des ressources humaines qui pourraient, demain, lui faire cruellement défaut.» Le phénomène s'est aggravé en Afrique et en Amérique latine, note le BIT, en Asie également, bien que certains gouvernements aient fait quelques efforts en la matière. En moyenne, un enfant sur quatre est au travail dans les pays en développement, surtout dans les campagnes, en général dans des entreprises familiales, sans être rémunéré.
L'Europe n'est pas en reste. En Turquie, près d'un million d'enfants entre 6 et 14 ans avaient une activité économique l'an dernier, indique le BIT. La crise économique, par ailleurs, a poussé un nombre croissant de petits Européens des familles les plus pauvres d'Europe occidentale à exercer un travail, au moins à temps