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Libération

Eltsine reprend les rênes en Russie. Le chef de l'Etat n'a transféré aucun pouvoir à son Premier ministre.

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publié le 6 novembre 1995 à 10h32

Moscou,

de notre correspondant Viktor Tchernomyrdine aurait mal interprété le regard fatigué de Boris Eltsine. A l'issue de sa rencontre avec le Président, vendredi à l'hôpital, le Premier ministre avait cru «lire dans les yeux» du malade qu'il était temps pour lui d'assumer une plus grande part du pouvoir. La réaction ne s'est pas fait attendre. «Le Président n'a transféré ses pouvoirs à personne durant sa maladie», a martelé samedi Sergueï Medvedev, porte-parole du chef de l'Etat Et pour faire bonne mesure, Eltsine a convoqué «pour consultations» son ministre de la Défense, le général Pavel Gratchev.

Face à ce tir de barrage des fidèles du chef de l'Etat, Tchernomyrdine a dû battre en retraite. «Eltsine ne s'est en rien déchargé de ses prérogatives, a-t-il admis samedi. La seule chose que l'on puisse dire, c'est que je dois augmenter ma charge de travail en raison du malaise du Président.» Une explication très en retrait par rapport à ses déclarations de la veille, lorsqu'il affirmait devoir «davantage décider, résoudre et coordonner» jusqu'aux activités des ministères dits «de force», Défense, Intérieur et Renseignements. Car le jour où le Premier ministre, déjà en charge du secteur économique, obtiendra officiellement le contrôle de l'appareil sécuritaire, il sera bel et bien l'homme fort du pays.

Une hypothèse que ne semblent pas près d'accepter les éléments les plus conservateurs qui entourent le Président. Certes, la Constitution prévoit un transfert du pouvoir au Premie