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Libération
Reportage

Difficile mission de «pacification» au Natal. L'armée sud-africaine tente de mettre un terme à la «guerre» entre l'ANC et l'Inkhata.

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publié le 10 novembre 1995 à 10h23

Wembezi, envoyé spécial

C'est un samedi matin de fin de mois, à Wembezi, le township noir de la petite ville d'Estcourt, au coeur du Kwazulu Natal. A travers les rues poussiéreuses qui divisent des pâtés de maisons «boîtes d'allumettes», les gosses transportent de lourdes caisses de bière, tandis qu'un ballet de minibus décharge son flot de nouveaux venus endimanchés. «Les salaires ont été payés, l'alcool va couler à flot», lance, laconique, le capitaine de l'armée sud-africaine, Niels Burger, en poste à Wembezi. «Entre les funérailles et les mariages, le week-end sera chaud, c'est sûr. Ici, la guerre, c'est le sport du dimanche!»

La nuit dernière, des barricades ont poussé sur la «ligne de front», une longue artère de murs criblés d'impacts, de ruines désertées et envahies de ronces. Elle sépare le territoire contrôlé par les militants de l'Inkhata Freedom Party (IFP) de celui du Congrès national africain (ANC). La rumeur court dans le township: les «gars» de l'ANC seront ici dans l'après-midi pour tenter d'ouvrir de force un bureau dans le territoire de l'IFP. Soudain, une centaine de manifestants, qui se sont regroupés discrètement dans les locaux de l'école, entame une marche à pas cadencés, brandissant un drapeau de l'Inkhata. Certains ont planqué un pistolet dans de banals sachets de plastique roulés sous le bras. Les radios crépitent, les militaires s'agitent, leurs blindés convergent vers la manifestation.

Le township de Wembezi est l'un des points chauds, cibles de l'o