Madrid,
de notre correspondant Avec force larmes et embrassades, la Chambre des députés espagnole a adopté cette semaine un nouveau code pénal, considéré par le chef du gouvernement Felipe Gonzalez comme «la loi la plus importante depuis la Constitution». L'émotion rappelait bien ces jours de 1978 lorsque furent jetés les fondements de la nouvelle Espagne démocratique. Seule ombre au tableau: l'absence de consensus. Le Parti populaire (PP), la principale force d'opposition de droite, s'est en effet abstenu, jugeant le nouveau texte «soixante-huitard et anachronique» et lui reprochant son «libéralisme» exagéré en matière de peines carcérales.
Ce «Code pénal de la démocratie», comme l'ont surnommé ses promoteurs, s'est fait attendre puisqu'on en parlait depuis 1980. Depuis, quatre avant-projets ont avorté. Le texte actuel prévoit une baisse globale des condamnations théoriques: de vingt à quinze ans pour un homicide ou un viol, de trente à vingt pour un assassinat ou de douze à dix pour un enlèvement... Le «plafond» de trente ans, maximum de temps qu'un criminel pouvait passer en prison, est abaissé à vingt, sauf exceptions. Mais parallèlement, le nouveau code pénal supprime les remises de peines quasi automatiques qui existaient, comme le décompte d'un jour pour trois travaillés derrière les barreaux.
Brandissant l'épouvantail de l'insécurité, le PP clame qu'«avec ce texte, 13.000 délinquants vont prochainement sortir de prison». «Pure démagogie», ont répondu tous les autres gro