Barcelone, envoyé spécial
Sauf accident, Jordi Pujol devrait être élu dimanche seigneur de Catalogne pour la cinquième fois consécutive. A la fin de la nouvelle législature de quatre ans, il accumulera vingt ans à la tête de la Generalitat, le puissant gouvernement autonome de Catalogne..
A Barcelone, la seule opposition un peu offensive est culturelle. Elle s'organise tous les soirs au théâtre Tivoli de Barcelone, où les saltimbanques caustiques d'Els Joglars offrent une bouffée d'air frais dans un pays au nationalisme parfois étouffant. Dans leur pièce Ubu président, portrait vitriolé de Jordi Pujol, le President suit une thérapie pour soigner ses graves problèmes de communication qui font que plus personne ne comprend ce qu'il dit, sauf la chute de ses discours, quand il répète comme un disque rayé: «Catalunya, Catalunya, Catalunya...». A la fin, la thérapie porte ses fruits, mais le personnage montre alors son vrai visage, mégalomane: jouant avec un globe terrestre, il se croit président à vie, roi, pape et enfin Dieu.
La société catalane est «menacée d'asphyxie» par le nationalisme omniprésent de Pujol, «un nationaliste-populiste assez malin pour employer un langage simpliste», estime Albert Boadella, le directeur d'Els Joglars. Sa troupe, connue bien au-delà des frontières espagnoles, reste interdite d'antenne sur TV-3, la puissante télévision en langue catalane propriété de la Generalitat.
Le President, dit aussi l'Honorable, est le seul homme politique européen capable,