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Libération

Brésil: le ministre de l'Armée de l'air contraint de démissionner

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publié le 21 novembre 1995 à 10h03

Intronisé au début de l'année, le président Fernando Henrique

Cardoso a pour la première fois «senti le goût amer du pouvoir» en limogeant dimanche son ministre de l'Armée de l'air, le général Mauro José Gandra. Piégé par des écoutes téléphoniques autorisées par la justice, ce dernier est impliqué dans un trafic d'influence en faveur de la firme américaine Raytheon, chargée en mai dernier ­ au détriment du consortium français Thomson-Alcatel et en vertu d'un précontrat portant sur 1,4 milliard de dollars (7 milliards de francs) ­ de l'implantation du Sivam, le réseau de couverture aérienne de l'Amazonie. Pénultième victime du scandale, le chef du protocole du Planalto (le palais présidentiel de Brasilia), l'ambassadeur Julio César Gomes dos Santos, a été démis vendredi ses fonctions pour le même motif.

Juteuse aubaine, en période de vaches plutôt maigres, pour les marchands d'armes et de matériel militaire, le Sivam a déclenché une furieuse bataille de lobbying entre les Etats-Unis et la France. Bill Clinton et son secrétaire au Commerce, Ron Brown, ont ainsi multiplié les démarches auprès de Brasilia pour soutenir la cause de Raytheon. De son côté, la CIA a abreuvé la presse américaine de «fuites» sur les pots-de-vin que les Français auraient distribués parmi les négociateurs brésiliens en vue d'empocher le contrat.

Rendu public par la presse brésilienne, le dialogue récemment tenu au téléphone entre l'ex-chef du protocole et le représentant de Raytheon au Brésil, José Afonso