Kragujevac, envoyé spécial
Cheveux ras sous un béret qui porte une cocarde royaliste et les couleurs serbes, blouson de cuir sur un torse nu, regard dur, voix profonde, poignée de main à briser les os, Slobodan Miljkovic, l'ex-ouvrier tourneur, ex-paramilitaire, aujourd'hui marchand de glaces dans sa ville natale de Kragujevac, en Serbie, s'enorgueillit encore de ses faits d'armes en Bosnie mais se défend d'être un criminel de guerre. C'est pourtant ce dont l'accuse le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye sur les crimes de guerre dans l'ex-Yougoslavie. Selon l'acte d'accusation dressé le mois dernier, Slobodan Miljkovic, 33 ans, surnommé le «garde forestier», aurait le 6 mai 1992, dans la ville de Bosanski Samac, au nord de la Bosnie, ordonné à ses hommes de fusiller 16 Croates et Musulmans. Il est aussi accusé d'avoir le même jour exécuté de ses propres mains trois hommes et d'en avoir sévèrement battu sept autres. Rentré dans sa ville natale, il nie tout. «Je n'ai jamais ni violé, ni torturé, ni égorgé personne», affirme cet ex-paramilitaire.
Engagé en septembre 1991 dans la milice d'extrême droite de Vojislav Seselj, il a combattu contre les Croates, puis les Bosniaques. «C'est impossible de vivre avec des Croates et des Musulmans», lâche-t-il. Son idéologie se résume à la cocarde qu'il porte sur son béret: «nationaliste, royaliste». Mais, il se défend d'être raciste: «Ma belle-soeur est musulmane», donne-t-il pour preuve. A sentir son agressivité contenue, Slobod