Genève,
de notre correspondant «Coupable» d'avoir bravé la loi suisse pour sauver la vie de 3.000 réfugiés juifs allemands et autrichiens en 1938 et 1939, Paul Gruninger avait été déchu de son poste de commandant de la police saint-galloise, condamné à une amende et mis au ban de la société helvétique. Mort en 1972 dans la pauvreté et l'oubli, le «Schindler» suisse devrait dans les jours qui viennent être réhabilité à titre posthume. La révision du procès s'est ouverte hier à Saint-Gall, devant un parterre composé des enfants de Paul Gruninger et de dizaines de personnes venues de Jérusalem, Paris et Vienne qui ont survécu grâce son action.
Il aura fallu plus d'un demi-siècle, l'émergence d'une vision critique de la politique suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, un battage médiatique autour de la personnalité de Paul Gruninger, ponctué même par l'intervention du président américain Bill Clinton, pour que les autorités judiciaires saint-galloises envisagent de réhabiliter un homme coupable de «délit d'humanité». Depuis 1968, elles avaient refusé à cinq reprises toute demande en ce sens. Chargé d'appliquer la politique de fermeture des frontières aux non-aryens, Gruninger avait désobéi aux ordres, lorsqu'il avait réalisé qu'une mort quasi certaine attendait les réfugiés juifs. Il avait tissé un réseau de passeurs et falsifié des documents, jusqu'à ce qu'il soit dénoncé par la Gestapo.
Suspendu de ses fonctions le 31 mars 1939, liciencié six semaines plus tard, condamné à 30