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Libération
Reportage

Les Serbes d'Ilidza seuls contre le mondeIls ont défilé par millliers hier à Sarajevo pour dénoncer la «trahison» de Dayton.

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publié le 30 novembre 1995 à 9h50

Ilidza, envoyé spécial

Le désarroi a franchi le pont qui, à l'extrémité de Sniper Alley, après un no man's land de dévastation, sépare depuis le début de la guerre le centre de Sarajavo bosniaque et le quartier d'Ilidza serbe. Depuis les accords de Dayton, chaque jour qui annonce une nouvelle «trahison», une nouvelle «capitulation», l'inquiétude et la perplexité marquent plus durement les visages des gens de cette banlieue ouest de la capitale. Ce midi, ils sont très nombreux à en témoigner sur les bords de la rivière, face à la mairie.

Après deux échecs, ici même à Ilidza et à Grbaviça ­un autre quartier serbe­, la troisième tentative pour monter une grande manifestation populaire est en effet un succès. La mise en scène est identique. Sur une estrade décorée d'une icône de la bataille de Kosovo, entourée d'oriflammes aux couleurs yougoslaves ornées de la croix orthodoxe, trônent des apparatchiks en costume cravate, des égéries en treillis, des tireurs d'élite en civil. Plus bas, des cercles d'écoliers, des manifestations d'anciens combattants régulent le flot du public qui s'approche depuis la fin de matinée. D'immenses haut-parleurs diffusent les harangues qui sont répercutées en direct par la radio locale jusque dans les fermes et les tranchées alentour. Mais aujourd'hui, au contraire de la semaine dernière, la foule aussi participe aux festivités. Environ 6.000 ou 7.000 personnes, sur une population qui n'en compte, aujourd'hui, plus que 20.000.

Les organisateurs se dénomm