La question se posait hier soir de savoir quel était le sort promis
par Jacques Chirac au général Jean-René Bachelet. Humiliant rappel à Paris, ou retour en rasant les murs à Sarajevo? Dans l'armée de terre, très tendue, l'affaire est suivie avec une extrême attention. D'abord parce que les propos du général ont été recueillis dans des conditions jugées «dégueulasses» par de nombreux officiers, au cours d'un entretien off the record enregistré à l'insu de Bachelet et reproduit dans le quotidien Ouest-France, sous la forme d'une interview qui n'avait jamais été accordée. «Ce procédé nous a mis par terre, dit un officier très au fait du dossier, et ce journal s'est comporté de manière ignoble.» L'affaire fait du bruit dans l'armée car les propos explosifs reprochés à Bachelet représentent très fidèlement l'état d'esprit des militaires français ayant fait un séjour en Bosnie. Bachelet est également considéré par nombre de ses pairs comme étant le meilleur d'entre eux. Issu de la très dure filière des enfants de troupe, il est le premier affirment ses collègues qui ait réussi à relever le gant à Sarajevo. «C'est un très grand bonhomme, assure un général ayant récemment constaté son efficacité sur le terrain. Il est tout de rigueur, de droiture et de discipline républicaine, et il serait criminel d'oublier quel rôle il a joué cet été dans la conclusion du cessez-le-feu.» D'ailleurs, explique l'un de ceux qui prônèrent sa désignation à Sarajevo, «il serait très difficile de le