Madrid, de notre correspondant
C'est presque trop tard, mais la promesse faite il y a soixante ans sera finalement tenue. Le dernier carré des survivants des Brigades internationales, ces «Volontaires de la liberté» venus crier, armes à la main, durant la guerre civile, «no pasaran» aux côtés de l'armée républicaine, contre les troupes rebelles de Franco, vont obtenir la nationalité espagnole. Ils étaient venus 40.000, peut-être 45.000. Il n'en reste pas même 300, aujourd'hui, de par le monde entier. Mais l'Espagne a tout de même voulu tenir parole, symboliquement, cinquante-sept ans exactement après ce souhait de Juan Negrin, le dernier président du gouvernement républicain, le 28 octobre 1938: «Une fois la guerre terminée, nous reconnaîtrons le droit des Internationaux, qui ont lutté si bravement à nos côtés, à réclamer la nationalité espagnole.» La guerre s'est terminée, mais «ils» les fascistes sont passés. Et la démocratie espagnole, retrouvée sur les bases d'un consensus oublieux, a mis vingt ans de plus à réveiller l'Histoire. Les survivants auront finalement leur passeport espagnol, «pour qu'au moins ils aient le droit formel d'appeler patrie ce pays qui a une place privilégiée dans leur coeur», selon Angeles Maestro, députée communiste, qui a défendu cette proposition parlementaire, approuvée à l'unanimité, et qui doit être bientôt ratifiée en Conseil des ministres.
«Ce n'est pas seulement symbolique. Ceux qui ont appris la nouvelle se sont montrés enthousiastes,