Moscou, de notre correspondant
Envoûté par la musique, Sacha se déhanche furieusement. Sans prêter la moindre attention au fond de scène tendu d'un immense portrait du Premier ministre. Que le concert soit monté par Notre maison la Russie, le parti de Viktor Tchernomyrdine en mal des voix de la jeunesse, «ou par le Diable en personne», peu lui en chaut. Son idole, c'est Glenn Hugues, ancien bassiste de Deep Purple. Sa religion, c'est le hard-rock. Les deux lui sont offerts sans avoir à débourser un kopek. «Je prends. Pour le vote, je verrai plus tard.» Mais, dans l'ensemble, la bande de blousons cloutés qui monopolise les premiers rangs se fiche des législatives. Tout juste en âge de passer aux urnes dimanche, la génération issue de la perestroïka, vaguement adolescente lors de l'échec du putsch conservateur d'août 1991, pas encore électrice quand le Kremlin faisait donner la troupe contre la fronde parlementaire d'octobre 1993, aborde son premier scrutin avec un air d'ennui pesant.
Certes, le menu n'est guère appétissant. Les 43 listes en lice proposent une palette de bureaucrates reconvertis, cachant mal leur grisaille sous des sourires de circonstance, appris à la va-vite dans les bureaux des conseillers en communication. «Leurs histoires ne nous intéressent pas. Aucun ne changera ma vie, lâche Kolia, 20 ans; mon père vote communiste. Par habitude. Moi, je ne voterai pas.»
Et voilà bien ce qui inquiète les représentants des fractions dites démocrates. Le Parti communiste d