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Libération

Harlem, l'antisémitisme tue sur la 125e rue. Vendredi, un Noir a incendié la boutique d'un juif. Bilan: huit morts. New York est sous le choc.

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publié le 15 décembre 1995 à 11h15

Washington,de notre correspondant

L'incendie criminel d'une boutique de Harlem, qui a fait huit morts vendredi dernier et plongé la ville de New York dans une stupeur horrifiée en raison de ses connotations violemment racistes et antisémites, pourrait avoir des suites judiciaires et policières malgré la mort sur les lieux de l'auteur de l'incendie, Roland J. Smith. Les autorités ont en effet décidé d'examiner à la loupe les propos tenus en public par une série de personnalités noires de Harlem pendant les semaines qui avaient vu des dizaines de manifestants se rassembler à la porte du magasin Freddy's pour essayer d'y lancer un mouvement de boycott.

Les manifestations avaient été lancées pour soutenir le patron ­ noir ­ d'un magasin de disques mitoyen, que le propriétaire de Freddy's, Fred Harari, juif orthodoxe, envisageait de récupérer à l'expiration du bail, à la fin de l'année. Les protestations avaient vite dérivé vers l'antisémitisme, et l'un des leaders noirs venus soutenir les manifestants, le controversé «révérend» Al Sharpton, avait notamment été entendu ­ dans des propos retransmis en direct par une radio locale ­ assurer fermement: «Nous ne leur permettrons pas de chasser ce frère pour qu'un interlope Blanc puisse étendre son business sur la 125e rue.» Dans une série de plaintes à la police, ces dernières semaines, Fred Harari avait décrit les insultes proférées par les manifestants à l'égard de ses vendeurs et de ses clients, et les cris de «sortons les bâtards ju