Stavropol, envoyé spécial Campé droit dans ses bottes, le regard clair et la moustache soignée, Vitislav Khodariev paraît sorti d'une chevauchée de Tarass Boulba. Ordre et croix de Saint-Georges barrent sa poitrine mise en valeur par un large baudrier. L'adjoint à l'atman (chef traditionnel, ndlr) des troupes cosaques de Stavropol cultive les traditions, la taille serrée dans une ceinture héritée de son grand-père, conservée comme une relique après que l'armée Rouge eut écrasé les gardes blancs qui voulaient barrer la route du Caucase au pouvoir communiste. Plus de soixante-dix ans après, l'ancien lieutenant-colonel des forces spéciales du ministère soviétique de l'Intérieur consacre l'essentiel de sa retraite à «organiser la renaissance du mouvement cosaque en Russie». Et à faire campagne pour le Congrès des communautés russes (KRO) du général Alexandre Lebed.
Vitislav Khodariev n'aurait pu rêver meilleur terreau pour sa double croisade que les riches plaines de Stavropol. Dès la fin du XVIIIe siècle, la Grande Catherine avait fait don de ces immenses espaces à des paysans affranchis, afin qu'ils protègent les marches de son empire. Aujourd'hui, les descendants des premiers Cosaques sont encore près de 500.000 pour un total de 2,5 millions d'habitants. Une force politique et militaire sur laquelle lorgnent toutes les formations en lice pour les législatives de dimanche. «Celui qui gagnera la confiance des Cosaques tiendra la province», sourit l'atman, qui est élu par le sro