Les électeurs ne se bousculaient pas hier dans les bureaux de vote
haïtiens. A peine 15% de participation estimée à midi à Port-au-Prince, nettement moins que lors des législatives du 25 juin. La consultation était pourtant mieux organisée et les 600 observateurs étrangers n'avaient pas relevé d'anomalie notoire. Jean-Bertrand Aristide, le président sortant, a partagé un petit déjeuner très médiatisé avec les enfants des rues recueillis par l'association caritative qu'il a fondée. Dans sa verdoyante résidence de Tabarre, il a souhaité que «la société haïtienne soit une table où tout le monde vienne s'asseoir et trouve à manger chaque jour». Ce «bord de table» est le slogan du parti présidentiel, le rassemblement Lavalas (torrent, inondation), qui devrait remporter haut-la-main le scrutin au bénéfice de son candidat René Préval, 52 ans, le seul concurrent à avoir pu mener un semblant de campagne avec l'appui des médias officiels. La consultation était en revanche boycottée par la quasi-totalité des partis d'opposition qui accusent le Conseil électoral provisoire (CEP) de «partialité» en faveur de Lavalas.
Les milieux diplomatiques ne cachaient pas leur soulagement. La communauté internationale a soutenu à bout de bras le scrutin, et malgré la faible participation, Haïti devrait connaître, pour la première fois en deux siècles, une passation régulière du pouvoir entre deux chefs d'Etat élus. Un succès qui justifie, a posteriori, l'intervention américaine qui avait chassé les mi