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Libération
Enquête

Les espions américains font leur nid dans le privé. La CIA s'intéresse au «renseignement économique».

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publié le 19 décembre 1995 à 11h09

Washington, envoyé spécial

«Existe-t-il une vie après la mort?» Le thème de la discussion ne laisse pas de place au doute: dans le salon luxueux d'un grand hôtel de Washington, une bonne vingtaine d'agents gouvernementaux américains du service de renseignement ­ pas tous identifiés ­ sont réunis pour parler de leur avenir. Ils sont inquiets pour leur job dans l'espionnage public et cherchent tous à se reconvertir dans les entreprises, pour y pratiquer la «competitive intelligence», en français le «renseignement concurrentiel».

Les opportunités ont beau être apparemment prometteuses, les inquiétudes n'en sont pas moins manifestes. «Que vais-je faire?», gémit un agent de la Defense Intelligence Agency (DIA). «Pendant mes trente années dans le service public, je n'ai pas été un animal social, comme certains de mes collègues qui ont passé leur temps à se faire des relations...» Les effectifs, pensent-ils tous, vont plonger au-delà des 20% de réduction déjà programmés par la CIA, et ils craignent que les capacités dont ils ont fait preuve pour traquer le communisme conquérant n'aient plus le moindre intérêt après sa défaite.

Rien d'étonnant, dans ces conditions, que la Society for Competitive Intelligence (SCIP), qui regroupe tous les professionnels du renseignement «ouvert» opérant dans les entreprises, reçoive 900 demandes de renseignement par mois. Rien que du beau linge, prêt à s'engager dans les nouvelles légions de ce qu'il est désormais convenu d'appeler la guerre de l'inform