Sarajevo, envoyé spécial
A ce jour, malgré la multiplication des études, personne ne peut raisonnablement avancer le chiffre fatidique du coût de la reconstruction de Sarajevo. Une approximation, même à un zéro près, n'a aucun sens. L'énormité du chiffre n'est pas l'obstacle à une évaluation fiable, mais c'est le concept de reconstruction qui diffère selon les protagonistes: architectes et urbanistes, organismes d'Etat ou étrangers, publics ou privés. Faut-il reconstruire le modèle ancien ou rebâtir autrement? Est-il par exemple nécessaire de reconstruire les dix étages supérieurs de la tour Nord Unis si l'on sait que cette entreprise ne fonctionnera pas à un quart de son potentiel d'avant-guerre? N'est-il pas judicieux de profiter de la destruction de la Poste centrale pour élaborer un édifice de haute technologie? Trouvera-t-on un mécène pour préserver la façade austro-hongroise de la Bibliothèque nationale?
«Faut-il effacer la guerre ou au contraire la mettre en perspective?», demande Ivan Straus, l'un des ténors de l'architecture yougoslave. Ce Sarajévien explique: «Il existe dans l'architecture postmoderne des tendances à déformer, courber, pencher les formes. La guerre nous fournit une occasion d'approcher cet art conceptuel contemporain. On peut imaginer une architecture qui serait comme un monsieur habillé à la dernière mode, qui marchera avec une canne sans cacher sa blessure.»
Toutefois, le préalable aux discussions sur la reconstruction est un état des lieux des de