Moscou,
de notre correspondant La victoire communiste aux législatives russes aura donc un prix. Le leader du PC, Guennadi Ziouganov, fort de ses 22% (qui lui permettront de contrôler un tiers des 450 sièges à la Douma), l'a fixé hier, réclamant la tête de deux ministres réformateurs. Sur la sellette, le dernier libéral de l'équipe au pouvoir, Anatoly Tchoubaïs, pilote du vaste plan de privatisation lancé en 1992, et le chef de la diplomatie, Andreï Kozyrev, bête noire des nationalistes de toutes obédiences pour avoir mené la politique de coopération avec l'Occident. «Leur présence au gouvernement n'est pas concevable, car tout le pays a envie de vomir lorsqu'il voit leurs visages», a délicatement précisé le secrétaire général du PC, donnant le ton de la future opposition parlementaire, à moins de six mois de l'élection présidentielle.
Sans attendre les résultats définitifs, qui ne seront pas disponibles avant plusieurs jours, le président Boris Eltsine a reçu son Premier ministre, Viktor Tchernomyrdine, dans la matinée «pour discuter de la politique des cadres». Elégant aphorisme pour indiquer que le pouvoir s'interroge sur un éventuel remaniement ministériel après la défaite de son bloc, Notre Maison la Russie, qui, avec moins de 10% des suffrages piétine en troisième position derrière le Parti libéral-démocrate (LDPR), la formation nationaliste de Vladimir Jirinovski, créditée de 12% des voix. L'ampleur du vote protestataire de dimanche réduit singulièrement la marge de man